ENKI en costume de Cérémonie avec la Hache Sacrée. Dans la salle voûtée aux immenses flambeaux qui éclairaient les murs
d’une lumière dansante, se déroulait maintenant une scène impressionnante.
Devant le Couple
Universel, les Maîtres du Monde étaient assemblés.
De chaque côté du drap d’or sur lequel était
étendue la jeune femme, les quatre frères représentant La TERRE, Neki, L’AIR,
Erkym, L’EAU, Nynki et Le FEU, Ankus, allaient présider au départ de vie.
Ehaloa découvrit pour la première fois un autre
visage de son Maître dont les cheveux étaient dissimulés par le casque couleur
bronze, aux ailes d’airain. Cela augmentait encore cette stature dont il était
doté naturellement. Elle se sentit fière d’avoir été son élève. Soudain, un
mouvement captiva son attention : Enki s’était saisi de la Hache d’Or. il s'avança et demanda à Swen de la tenir.
Swen prit l’outil avec respect. Il posa le côté
du tranchant au sol.
Puis le Maître vêtu de noir se mit à genoux
auprès d’Orka, et commença à vérifier tous les points d’énergie dont peu à peu
il fit jaillir les rayons. Puis par des mouvements tournants, il les rendit de
plus en plus lumineux.
Swen était subjugué. Il l’avait vécu dans sa
chair. C’était impressionnant mais pas douloureux. Un jour, il saurait faire,
c’était évident. Enki le lui avait promis.
Le corps d’Orka, rayonnait maintenant intensément. Ce spectacle était
extraordinaire. Elle paraissait totalement détendue et heureuse.
Le Maître se
releva. Il prit alors la Hache des mains de son assistant, et s’avança vers le
drap d’or où reposait le corps lumineux.
L’Amazone, en guerrière avertie, se dit que
jamais au grand jamais, il ne fallait être son ennemi sur un champ de bataille.
Ainsi elle comprenait mieux son sourire étrange quand elle lui avait suggéré de
se battre. Elle avait eu beaucoup de chance : il n’avait pas accepté. Elle
mesurait maintenant combien souvent l’inconscience, la peur, l’intégrité et le
courage étaient liés. L’homme vêtu de noir se redressa et regarda son
assistant :
– Swen, si tu veux lui parler, si tu veux régler
tes comptes avec elle, c’est maintenant. Elle t’entend, même si elle ne pourra
te répondre car elle est très faible. Mais là, je suis certain qu’elle ne peut
plus te faire aucun mal. Le chakra du cœur est resté ouvert afin que, si elle
peut encore ressentir de l’Amour, le vrai, cela lui soit bénéfique. Après elle
ne se souviendra plus de rien tant qu’elle ne sera pas revenue parmi nous.
Il regarda son oncle et approuva de la tête.
– Je t’aime,
Tante Orka, nous nous retrouverons bientôt dans notre prochaine vie, je te le
promets. Courage, ce n’est rien.
Ému, il se releva, et retourna vers Enki, lequel,
les mains sur les hanches, la Hache posée contre la plus proche cathèdre, le
regardait faire, complètement sidéré.
- ☺-
– Swen, lui
dit alors son oncle, la tâche te revient de trancher les deux derniers rayons,
le quatrième, celui du cœur et le septième rayon, celui du lien avec l’univers,
celui de la vision et de la force spirituelle.
Le jeune homme blêmit. Il fit « non »
de la tête. Affolé. Il eut envie de vomir, et se pencha brusquement en avant.
– Regarde ton grand-père, Swen, dit alors Enki sur
le ton très dur et très autoritaire dont il avait le secret.
Le jeune homme leva les yeux vers Kyré, effaré.
– Tu n’es plus un enfant, Swen. Tu as
demandé des pouvoirs à ton oncle, pour guérir ?
Il acquiesça.
– Alors, il
n’y a pas de pouvoir à sens unique. C’est pourquoi la stratégie existe. Tu dois
apprendre que parfois pour faire le bien, il faut prendre des décisions qui
nous bouleversent. Cela sera ton rôle, si tu l’acceptes aujourd’hui. Sinon,
c’est que tu ne le mérites pas, que tu ne seras pas prêt, ou que tu es, quelque
part encore, un enfant couvé par les femmes qui t’entourent… Montre-toi digne
de la décision que nous avons prise pour ton avenir et que tu as toi-même
demandée. Prends la Hache d’Or… Et n’oublie pas, tu ne dois pas lors du
mouvement, lui faire heurter le sol, ni toucher Orka, tu ferais énormément de
mal. Seras-tu assez précis dans tes gestes, fils ?
Il fit « oui » de la tête, incapable de
parler, avec un nœud dans la gorge dont il ne savait s’il saurait s’en défaire
un jour.
Le vieil homme sortit une longue épée très
brillante et la posa tour à tour sur ses deux épaules et dit d’une voix
forte :
– Swen,
fils de Neki et d’Anka, petit-fils de Kyré et de Nynka, au nom du Soleil, de la
Lune, de Saturne qui soigne, de Vénus qui est amour, nous te conférons le
pouvoir de guérir, de protéger, de trancher les fils pour les passages de la
vie à la mort et de les remettre pour les passages de la mort à la vie.
Puis rangeant son arme dans son fourreau et adoucissant sa voix, Swen, tu
n’auras pas le pouvoir de choisir les vies, ce qui restera le pouvoir d’Erkym
et d’Enki. Mais tu auras à poursuivre ton initiation avec eux. Maintenant,
relève-toi et accomplis ton devoir. Tu le dois.
Le jeune homme, se leva, et, comme un somnambule,
se retourna. Son oncle lui tendit la Hache d’Or et lui donna l’accolade :
– Courage, fils.
Il s’en saisit. Puis comme un fantôme, longea le
corps posé sur le drap d’or, évitant surtout de le regarder. Au passage, il fit
un signe de tête à Erkym, puis à son père. Il avait quelque chose de la bête
que l’on va tuer et qui le sait. Neki très pâle, tendit les mains à son passage
pour lui donner de l’énergie.
Arrivé au bout du drap posé au sol, blême, il
salua sa mère, épouvantée.
Puis prenant son élan, d’un double moulinet
adroit, trancha le quatrième, puis le septième rayon, sans que la Hache d’Or ne
touche le sol.
- ☺-
– Bien sûr, il
a été initié. Bien sûr, il a su faire. Mais tout de même nous ne sommes pas des
sauvages, fit l’homme noir, nous ne pouvons le faire assister au changement de
vie de son aimée… Moi, je ne voudrais pas que l’on me le fasse.
– Logiquement, il est mon assistant, et pour
cela, c’est moi qui décide, répondit Enki fermement. Et puis il a outrepassé
ses droits…
– Bien sûr, continua son frère comme s’il n’avait
pas entendu, tu as eu de la peine pour Orka. Bien sûr, tu es encore écœuré par
cette histoire, parce qu’un jour elle sera la Reine aux Six Soleils, l’épouse
d’Ankus. Et que tu es seul, enfin, je veux dire, nous sommes seuls… Crois-tu
que j’ai vu de gaieté de cœur, Swen me ravir Ehaloa ?
Enki surpris, le regarda les yeux écarquillés.
– Non ? Tu l’aimes ? Mais
pourquoi n’avoir pas mis à ce poste un de ses lieutenants ? Une autre
amazone ? Mais pourquoi as-tu tant attendu ?
– Je voulais être certain de la protection de notre
neveu. Je la croyais sûre, mais j’ignorais qu’elle avait sauvé Anka et s’était
fait jeter un sort semblable. Tout s’est enclenché... Tu sais bien que les
secrets de MU sont impénétrables.
– Mais Ehaloa, sais-tu ce quelle en pense ?
– Elle
m’admire comme un Maître d’Armes, me vénère comme un Maître à Penser… Mais elle
est tombée raide dingue amoureuse de ce gamin ! Ce petit con ! Et
dire que je l’aime aussi…
Enki hocha la tête. Inquiet. Il ne suffisait pas
d’être les Maîtres du Monde, lorsque l’émotionnel s’en mêle…
– Bien. Alors tu veux que nous la fassions
partir sans qu’il le sache ! Et bien, ça ne va pas être facile… Il ne la
lâche pas ! Il sait qu’elle doit changer de vie, fit l’homme à l’aigle.
– Je m’en charge, fit alors Erkym, à moi, elle
obéit. Et quant à Swen, lorsque cela se produit, il attend sagement…
– D’accord. Alors il va attendre ! fit Enki
avec son sourire des mauvais jours. Je lui envoie Akila. Mais nous prenons des
risques. Sache qu’il a engrammé Orka. Il lui a dit qu’il la retrouverait dans
la prochaine vie. Il remarqua l’air surpris de son frère. Ah ? Tu n’as pas
entendu ? Tu n’as rien perçu ? Décidément il est très fort. Mais moi,
il ne peut me tromper… J’ai agi en conséquence, mais cela va être de haute
lutte entre le Maître et l’élève ! Je veux qu’il s’occupe de sa mission…
- ☺-
L’aiglonne atterrit devant eux. L’oiseau les
regarda.
– Et bien,
Akila, tu n’as pas l’air décidée ? lui demanda le Prince. Veux-tu que je
vienne ?
Le rapace fit un bond et se posa sur l’épaule d’Ehaloa.
– Ehhh ! Doucement, ma belle ! Je
ne suis pas en cuir, moi !
– Mais si tu
es en cuir, fit Swen en lui baisant la main. Ta cuirasse te protège. Akila,
dit-il amusé à la belle emplumée, ne serais-tu pas en train de te
tromper ?
L’oiseau donna un coup de bec dans la chevelure très bien coiffée de
l’Amazone.
– Swen, mon
amour. Ton Maître me demande. Tu vois bien. J’y vais, avant qu’elle ne me
dévore, fit-elle en riant. Tu m’attends ?
– Je serais dans le patio…
- ☺-
Lorsqu’elle entra,
elle ne vit rien, pourtant il avait répondu « entre ! ». La
porte claqua dans son dos, et elle remarqua, alors, les deux hommes occupés à
discuter dans un coin de la pièce. Enki toujours vêtu de noir et son Maître
vêtu de blanc, d’un pourpoint blanc nacré et d’un haut de chausse de la même
couleur, enfilé dans des cuissardes gris clair.
– Là ! On ne bouge plus. Tu voulais fuir, ma
belle ? Il n’en est pas question.
Erkym lui prit le menton et la regarda au fond
des yeux.
– Ehaloa, tu n’es pas raisonnable, lui dit
son Maître.
– Je veux lui dire au-revoir, je veux qu’il soit là. Vous ne pouvez
pas…
– Mais si, lui
dit doucement l’homme aux yeux d’argent sombre, mais si, nous pouvons… Tu sais
bien que je décide en ce qui te concerne. C’est le moment, car il partira
derrière toi, et il ne le sait pas encore. Alors, il voulait te retrouver…
– Moi aussi !
– Ehaloa, ce
ne sera pas aussi facile que cela, lui dit doucement Enki. Sur Terre, ils n’ont
plus que des impressions, du genre c’est curieux, c’est comme si nous nous
connaissions déjà. Parce que l’entente est là, immédiatement. C’est ce
qu’ils appellent les affinités électives… Ou alors ils ont une crainte
immédiate, et évidemment fondée, mais ils ne peuvent l’expliquer…
– Nous nous retrouverons. Nous l’avons décidé.
– Mais tu ne
le reconnaîtras pas ! s’écria le plus grand des hommes.
– Nous y arriverons, fit-elle, l’air buté.
– Tu sais, ajouta Erkym, le plus simple, c’est de se retrouver en
revenant, car le temps d’une vie, ce n’est rien.
– Je ne veux
pas, nous voulons partir ensemble. Je dois veiller sur lui, c’est mon
devoir !
– Non, Ehaloa, pas sur Terre, reprit-il. Il
a une mission extrêmement difficile pendant laquelle il va subir d’autres
épreuves afin de devenir Le Monarque. Sais-tu ce que signifie ce mot ?
La jeune femme le regarda, interrogative.
– C’est la combinaison de deux mots
« commander » et « seul ». Donc il va apprendre à être seul
pour décider, se garder des ennemis, empêcher les guerres, ramener la paix,
redonner de l’espoir aux peuples qui auront survécu, et sauver la planète du
désastre dans laquelle elle est engagée. Nous ne pouvons contrarier cette
initiation. C’est impossible.
– Tu as accepté cette nouvelle vie, tu ne peux pas
te dédire, lui fit Erkym.
– Je veux juste qu’il soit là, qu’il soit prévenu…
– Non, car cela ne se passerait pas bien. Ou tu te
comportes en Chef des Amazones, et tu m’obéis…
– Ou nous le ferons de force, ajouta Enki.
– J’ai beaucoup appris depuis l’autre jour, répondit-elle, en
défiant son Maître d’Armes.
– Ah
oui ? fit Enki, ravi. Son regard cruel s’alluma. Tu veux te mesurer à moi
finalement ? Alors libère-toi d’abord !
Ce faisant, il la serra comme dans un étau.
Elle tenta de hurler, sans pouvoir se débattre.
Ses jambes s’agitaient dans le vide.
– Swvvveeee…
Il serra encore. Elle défaillit.
- ☺-
Sanglée sur la
table au centre de la salle voûtée, elle s’éveilla, gigota pour voir comment
ils l’avaient attachée. Elle voyait les deux hommes se préparer. Ils se
lavaient les mains et le visage sans mot dire. Elle tenta de se libérer sans y
parvenir.
Erkym s’approcha.
– C’est toi qui a choisi la manière forte…
Décidément ton âme de guerrière est bel et bien là ! Donc, maintenant tu
as encore un choix à faire : ou tu coopères et nous allons te donner des
possibilités et puis je choisirai ta vie avec ta conscience, ou tu ne coopère
pas, et je choisirai avec Enki… Alors ?
Furieuse, elle serrait les poings en le
regardant.
Concentre-toi et parle-moi depuis ton cœur, je
t’entendrai, où que tu soies, même dans l’autre vie… de n’importe où dans
l’univers, c’est la puissance de l’Amour.
– Alors ? répéta calmement son Maître,
que cela amusait vraiment.
Il la vit fermer les yeux et se concentrer.
Il comprit instantanément. Son regard se fit
dur.
– Vite, Frère, allons-y. Nous avons très peu de temps.
Enki saisit instantanément la situation. Ils se
mirent au travail, elle ne bougeait pas, parlant silencieusement dans son cœur,
persuadée que Swen allait ouvrir la porte et volerait à son secours.
- ☺-
– Fils, tu es
seul ? lui demanda son père. Pouvons-nous parler ?
– Ehaloa a été appelée chez Enki. Du coup,
oui, nous pouvons parler tranquillement.
– Bien. Ton départ est maintenant
programmé. Tout est prêt.
– Est-ce qu’Ehaloa va pouvoir y assister ?
– Non, il y a des secrets qu’elle ne doit
pas connaître.
– Alors, je
vais aller lui dire au-revoir, d’abord.
– Avant cela, ton grand-père veut te voir,
il t’attend dans la bibliothèque. Je crois qu’il veut te rendre la gourde et ta
bourse de cuir blanc.
– Ah, quelle bonne idée ! Depuis le
temps !
– Tu sais bien qu’ici tu ne pouvais pas t’en
servir. Donc c’était sans importance. Mais dans cette histoire, la gourde tu en
as absolument besoin.
– Les pierres aussi.
– Avec tout le pouvoir que tu as acquis, ce ne sont
plus que des accessoires sans beaucoup de valeur.
– J’y tiens absolument. Allons-y.
Ils se dirigèrent
vers la salle. Lorsque soudain, Swen stoppa et se concentra. Puis il partit en
courant en direction des souterrains.
– Swen, lui cria Neki, tu dois voir ton
grand-père !
– Plus
tard ! Je reviens ! Il se passe quelque chose qui ne me plaît pas.
- ☺-
Il se heurta contra
la porte. Fermée.
Furieux, il appela un garde.
– Ouvre-moi,
ça ! Tout de suite !
– Maître, je ne sais si je dois… Maître
Erkym et Maître Enki officient…
– Raison de plus, j’aurais dû être là. Je suis leur
assistant, et je suis le fils du Roi ! Ouvre, te dis-je, sinon il va t’en
cuire…
La porte s’ouvrit.
Enki stoppa son geste.
Il posa la Hache
d’Or, le côté du tranchant au sol.
Erkym se dirigea vers son neveu et lui barra le
passage.
– Swen, si
nous ne t’avons pas fait venir c’est que nous avions des raisons. Tu ne peux
engrammer ton futur de vie en Ehaloa, comme tu l’as fait pour Orka, sans notre
autorisation. Tu as outrepassé tes droits !
– Quoi que vous fassiez, je la retrouverai,
fit il, d’un air farouche.
Enki, regardait la scène, pensif, appuyé sur le
manche de la Hache, devant le corps quasi paralysé de la jeune femme, dont il
ne sortait plus que deux rayons.
Puis soudain, comme dans un éclair, visant le
quatrième rayon, celui du cœur, leva sa hache et prit son élan.
– Nooon ! cria le nouvel initié que son oncle
avait bien du mal à retenir.
La Hache trancha
net.
Le Prince eut subitement très froid. Il sentit
son cœur se glacer. Il les regarda, désespéré.
Enki se redressa et le regarda sévèrement.
– Ne crois pas
que je ne sache pas ce que tu fais. Un grand initié doit avoir un comportement
digne de l’enseignement qu’il a reçu. Tu ne dois pas faillir, car tu dois
t’élever toujours plus haut. C’est le but de ta mission. Ne l’oublie pas. En
coupant le quatrième rayon, je t’ai empêché de l’engrammer. Maintenant, tu vas
toi-même donner le signal de départ en tranchant le septième. Tu es venu pour
cela, n’est-ce pas ?
Le jeune homme fit signe que non.
Erkym l’observait.
– Swen, serais-tu un lâche ? Cela ne
serait pas admissible… Et puis, en la faisant attendre, tu lui fais du mal.
Tout doit s’enchaîner au plus vite. C’est le protocole sacré.
Le jeune homme tendit alors la main vers la
Hache.
En larmes, il trancha à la verticale. Simplement.
Le rayon
s’éteignit. Ehaloa disparut.
Il s’effondra.
- ☺-
La porte s’ouvrit. Kyré entra portant une gourde
et une bourse de cuir blanc. Il se dirigea vers son petit-fils et le releva.
– Fils, tu as
été placé au rang de tes oncles. Tu dois te comporter comme tel. Les enfantillages,
c’est terminé. Tu sais que tu la retrouveras et que nous vous marierons. Même
ta mère est d’accord.
Swen sourit dans ses larmes. Le vieil homme lui
plaça les objets dans les mains.
– Maintenant, Nynki va venir vérifier que
l’eau qu’il t’a donnée n’a pas perdu de ses pouvoirs, puis nous irons à la
Porte du Temps. Les dix planètes vont s’aligner et elle va s’ouvrir pour ton
passage.
Nynki entra. Il enleva de la table les sangles
aplaties par l’absence du corps. Passa la main rapidement pour retirer toute
énergie qui aurait été suspecte.
Sans mot dire, il prit la gourde des mains de
son neveu. Puis il la posa sur la table, au milieu. Il mit ses mains autour, et
se concentra.
– Le niveau est bon, mais je préfère que l’on
décuple encore ses pouvoirs, car l’eau se fait de plus en plus rare sur Terre,
et celle qui reste est polluée jusque dans les nappes les plus profondes. Il
faut qu’elle vibre à son maximum.
Kyré s’approcha et
plaça ses mains sur celles de son fils.
La gourde sembla s’illuminer. Ils laissèrent
s’écouler un instant. Puis Nynki rendit l’eau sacrée à Swen en le regardant
dans les yeux.
– Fils, ne te trompe pas dans son usage. Il
n’y en a que pour une seule planète et seulement dans les endroits
stratégiques. L’eau est leur bien le plus précieux, mais en ce moment elle se
venge de ce qu’elle a subi, tu verras des inondations monstrueuses, des
tempêtes effroyables, des morts et des morts. Tu devras aller aux points les
plus hauts. Là où l’eau du ciel commence son périple terrien. C’est là qu’il
faut mettre les molécules d’eau originelle. Sache que tu ne pourras te
transporter dans ces endroits que la nuit, et que tu devras être de retour à
ton point de départ au matin pour ne pas éveiller l’attention.
– Le jour, compléta Kyré, tu devras assumer le
sauvetage des peuples et les protéger. Il te faudra jouer finement, tes ennemis
sont puissants. Bien sûr, tu as des pouvoirs et ils sont très importants. Mais
si tu t’en sers de manière visible, tes ennemis qui sont d’essence
luciférienne, sauront trouver la parade. Le seul dont tu peux te servir
ouvertement, c’est ton pouvoir de guérison. Je te conseille de t’insérer
pleinement dans la société de ce temps où nous t’envoyons.
– Swen, fit à nouveau Enki, étant donné ce qui a eu
lieu avec Orka, nous ne donnerons pas à ta conscience le choix de sa vie. Kyré
et moi avons choisi. Tu ne naîtras pas. Tu es déjà né. Sur Terre un jeune homme
prometteur est en train de mourir d’une maladie normalement irréversible. Tu
vas donc prendre ce corps et le faire revivre pour la plus grande joie de ses
parents, qui l’ont bien mérité.
Le jeune homme
regarda son Maître. Il pensa à Tom. Ainsi, il venait de le punir. Cela faisait
partie de l’enseignement. Et il n’avait d’autre choix que d’accepter et de
remercier.
– Merci Enki, dispense-moi tes bonnes
énergies pour m’aider dans mon voyage et ma mission.
Enki posa ses mains
sur sa tête et se concentra, un doux sourire aux lèvres.
- ☺-
Les commentaires récents